Est-ce que récupérer l’eau de pluie est rentable ?

I.  Un usage optimisé de l’eau 

1. L’utilisation de l’eau pour les produits phytosanitaires  

Beaucoup d’agriculteurs vont utiliser une grande quantité d’eau pour leurs besoins en traitement en la mélangeant avec les produits phytosanitaires.  La plupart des produits phytosanitaires sont utilisés de façon optimale lorsqu’ils sont mélangés avec une eau neutre. L’eau de pluie va s’approcher au plus près de la neutralité, contrairement aux eaux d’adduction ou de forage qui sont plutôt soit acides soit basiques. Plus une eau a un PH proche de celui du produit phytosanitaire utilisé, plus la matière active du produit sera optimisée.  

La présence d’ions ferriques dans l’eau est néfaste à une bonne compatibilité avec les produits phytosanitaires, car au contact de ces ions ferriques, les molécules d’eau se cassent. Ainsi beaucoup traitent leur eau afin de pouvoir l’utiliser avec des solutions de traitement phytosanitaire qui utilisent désormais deux ou trois produits différents. Il faut donc s’assurer que la qualité de l’eau soit compatible avec les différentes caractéristiques chimiques et techniques des produits. En utilisant l’eau de pluie, vous ne traiterez pas votre eau et vous ferez une économie supplémentaire notamment en ne rajoutant pas d’adjuvants à l’eau pluviale. 

Ainsi, plus la qualité de l’eau est élevée, moins le volume de produits phytosanitaires sera élevé. 

Les coûts de l’utilisation des produits phytosanitaires peuvent sensiblement varier selon les cultures, allant de 168 € par hectare pour un blé dur, 226 € /ha pour un colza, 166 € pour une orge * (selon données 2015 de la chambre d’agriculture de la Marne). En moyenne, une bonne qualité de l’eau va permettre d’économiser entre 25 et 30 % des doses habituelles pour les traitements phytosanitaires, ainsi vous pourrez déjà économiser près de 50 € par hectare pour un blé dur et près de 113 € par hectare pour un colza. Sachant que les coûts des produits phytosanitaires ont fortement augmenté ces deux dernières années, les économies n’en seront que plus importantes. Les coûts de ces intrants impactant fortement les charges des exploitations, chacun va veiller à une utilisation la plus optimisée possible. 

2. Une température adéquate à l’utilisation souhaitée 

De plus, en étant stockée, l’eau pluviale sera tempérée. Elle sera bien plus adéquate car elle évitera les chocs thermiques pour les cultures et la cristallisation des solutions avec, in fine, une meilleure efficacité de ces solutions de traitement phytosanitaire. Les doses utilisées seront largement réduites. En effet, avec la température de l'eau, la solubilité de nombreux agents et des engrais foliaires diminue. Ainsi, la température de l'eau d’un puit est en moyenne autour de 8 degrés et parfois moins. Par conséquent, les produits seront plus difficiles à dissoudre et ne pourront donc pas agir de la manière la plus efficace. 

II. Votre autonomie renforcée 

De nombreuses exploitations agricoles disposent de hangars et de bâtiments avec de grandes surfaces de toitures, idéales pour la collecte de l’eau pluviale. Bien sûr, il faut envisager un système de filtration en amont qui empêche les salissures ou la pénétration de sable, de feuilles, de mousse, dans la cuve. Cependant, vous aurez de l’eau pluviale parfaitement adaptée au remplissage et au lavage de votre pulvérisateur par exemple. Une bonne qualité d’eau étant importante pour empêcher le colmatage des filtres et des buses des pulvérisateurs. 

En récupérant l’eau de pluie, vous ne serez pas impactés en cas de restrictions, anti-sècheresse notamment. L’eau de pluie est gratuite et elle peut être stockée plusieurs mois, si elle l’est dans de bonnes conditions. Vous serez ainsi plus autonome et également plus serein. L’autonomie de vos activités quotidiennes et notamment en cas de fenêtres météo parfois très courtes pour le passage du pulvérisateur, sera assurée en incluant un approvisionnement régulier en eau de votre exploitation !  

III. Un investissement amortissable 

Pour votre exploitation agricole, vous pouvez amortir votre cuve. L’amortissement représente la perte de valeur d’un bien due à l’usure du temps ou de l’obsolescence. La dotation aux amortissements est la somme que représente cette perte de valeur. C’est une charge qui peut être déduite du bénéfice imposable de l’entreprise, elle permet de diminuer son impôt sur les bénéfices. Votre amortissement pourra être linéaire (méthode la plus souvent répandue) et consiste à répartir de manière égale la dépréciation en fonction du temps d’utilisation de la cuve. L’amortissement pourra être dégressif, il permet d’amortir très fortement une immobilisation au début de son utilisation. Pour le déterminer, il est nécessaire d’avoir un coefficient d’amortissement (1,75 pour une durée d'utilisation légale de 5 ou 6 ans ; 2,2 pour une durée d'utilisation légale supérieure à 6 ans.) 

Ainsi, votre cuve pourra s’amortir, généralement sur 5 ou 7 ans. Par exemple, si votre cuve de récupération d’eau pluviale de grande capacité vous a couté 10 000 € et que vous l’amortissez en linéaire sur cinq ans, vous amortirez comptablement 2 000 €. Votre investissement sera amorti en quelques années. 

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