Comment calculer le bon dosage pour l’épandage de l’engrais liquide ?

Calculer le bon dosage d’épandage pour votre exploitation est important à la fois pour l’efficacité de votre épandage sur la culture et son optimisation en termes de coûts et de temps. Précisions

I. Différents types d'engrais

1. La solution azotée UAN

2. Le sulfate d'ammonium liquide

3. La solution NPK

4. Le sulfate d'ammonium liquide

II. Les dosages

III. Un ensemble de critères

1. Votre secteur et le climat

2. Les outils d'épandage

3. Conseils et observations terrain

 

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Devenant de plus en plus incontournable pour de nombreuses exploitations, l’utilisation de l’engrais liquide permet aujourd’hui de doser et d‘épandre avec précision sa fertilisation et de l’adapter en fonction des cultures, de la nature du sol, de la météo…Les techniques actuelles permettent une application précise et une fertilisation ciblée.  Dans cet article, vous découvrirez quelques éléments de réponse.

I. Différents types d’engrais 

Selon que votre fertilisation soit entièrement en liquide ou avec une partie solide, les dosages peuvent être très différents. Ils dépendront également du nombre de passage sur la culture et du reliquat d’azote dans votre sol. De plus, les potentiels de rendements visés sont également à prendre en compte dans votre calcul.  D’ailleurs, selon la région où se situe votre exploitation, les rendements attendus ne sont pas les mêmes pour une culture identique. Dans l’agriculture dite de « précision », certains équipements peuvent ajuster les doses d’engrais et permettent une hétérogénéité intra parcellaire en modulant les apports d’azote ; c’est à dire mettre pus d’azote ou il y plus de potentiel et de besoins. 

Principalement, les dosages vont aussi dépendre du type d’engrais utilisé. Aujourd’hui, différents engrais sont utilisés en fonction des cultures et des régions :  

1. La solution Azotée UAN (solution de nitrate, d’ammonium et d’urée) 


L’utilisation la plus courante est la Solution Azotée UAN. Cette solution azotée est constituée à 50 % d’azote sous forme uréique N, et à 25 % respectivement de nitrate et d’ammonium. Le nitrate et l’ammonium sont absorbés directement par les racines et les feuilles, mais l'Urée N ne l’est que plus tard, après plusieurs jours. Cette solution est largement utilisée comme engrais principal ou complémentaire pour les cultures d’hiver et d’été, la betterave sucrière et fourragère, les pommes de terre…. 

2. Le Sulfate d’ammonium liquide 

C’est une solution de sulfate d’ammonium qui présente une teneur en soufre encore plus élevée. En règle générale, elle contient au moins 22 % de soufre soluble dans l’eau. Le sulfate d’ammonium peut avoir un pH très acide. 

3. La solution NPK    

Une solution NPK contient N, azote, P, phosphore et K, potassium. Selon les fabricants les dosages peuvent varier. La solution peut être mélangée avec une solution azotée UAN. 

4. Le Thiosulfate d’ammonium liquide

Le soufre participe à la formation de la chlorophylle dans les feuilles, il est donc indispensable d'en apporter dès la sortie de l'hiver sur les cultures exigeantes. Le thiosulfate d’ammonium est une forme assurant une libération progressive de sulfate, nécessaire aux cultures. L’incorporation de thiosulfate ralentit le processus de nitrification et limite ainsi les pertes d’azote au printemps. L'apport en soufre est aussi un bon moyen pour mieux valoriser l'azote disponible dans le sol.  Le Thiosulfate joue sur la réaction d’hydrolyse de l’urée et limite sa transformation en ammoniac et en CO2 : cette propriété physico-chimique lui permet donc de jouer le rôle d’un inhibiteur d’uréase, limitant alors les pertes d’azote par volatilisation ammoniacale.  Cette solution est dite protégée, il y a beaucoup moins de volatilité de l’engrais. Dès son application, le thiosulfate d’ammonium réagit rapidement et se transforme par la suite en sulfate. Généralement, ce processus est réalisé en une à deux semaines. Cette forme intermédiaire empêche le lessivage des anions sulfaté. 

 

Un extrait d'une intervention de Régis Muteau, expert agronome sur le thiosulfate d'ammonium liquide :

 

 

II. Les dosages 

Si vous êtes en engrais liquide, la fertilisation se fait généralement en trois apports :  

Le premier est limité par la règlementation autour de cinquante unités d’azote par hectare, le deuxième autour d’une centaine d’unités d’azote par hectare et le dernier d'environ cinquante unités d’azote par hectare. 

Voici des indications non exhaustives et pouvant différer selon les cultures et selon les régions : 

  • Pour l’orge de printemps, céréale à paille, sensible aux conditions de semis, il est commun d'épandre avec le pulvérisateur entre 110 et 150 unités d’azote en deux apports 
  • L’escourgeon ou appelé orge d’hiver est une plante annuelle cultivée comme céréale à paille. Le dosage moyen se situe entre 150 et 190 unités par hectare en deux apports. 
  • Pour la culture du colza, les dosages se situent entre 180 et 220 unités d’azotes par hectares en deux apports. 100 unités pour le premier passage, puis le reste au deuxième. 
  • Pour le tournesol, les préconisations vont de 100 unités par hectare, pulvérisées en une seule fois. 
  • Sur la culture du lin, ce sont plutôt entre 20 et 40 unités d’azote par hectare qui sont attendues. 
  • Pour la culture du maïs, il est commun de naviguer entre 150 et 190 unités d’azote par hectare. 
  • Pour les pommes de terre notamment pour la fécule de consommation, les dosages vont de 190 et 250 unités d’azote par hectare. 
  • Pour les betteraves, les dosages préconisés vont aller de 80 à 140 unités d’azote par hectare. 
  • Pour le sorgho, c’est environ 150 unités d’azote par hectare qui est nécessaire. 
  • En ce qui concerne les prairies permanentes, elles vont recevoir entre 80 et 140 unités d’azote.  

 

III. Un ensemble de critères 

1. Votre secteur et le climat 

Bien sûr, ce ne sont que des moyennes, cela va surtout dépendre de votre secteur géographique, de vos rotations, de l’altitude, du climat, de l’état d’avancement de la culture…Les analyses de sol ne se font pas systématiquement, c’est surtout votre expérience passée, vos observations, vos objectifs visés, …qui vous permettent d’affiner vos dosages !  

Ces derniers mois, le coût de l’engrais a explosé et a eu également un impact, beaucoup essayant de l’utiliser à bon escient et d’optimiser au mieux son utilisation. 

2. Les outils d’épandage 

Le dosage va aussi être influencé par vos outils de travail c’est-à-dire que selon la précision de l’outil d’épandage, votre dosage sera plus ou moins précis. Les épandeurs à rampe avec des coupures de tronçon multiples vont vous permettre d'épandre très précisément le long de vos bordures. En apport solide, les dosages sont beaucoup moins précis. Si vous souhaitez bien faire les bordures de champs, vous risquez d’en mettre sur la route ou chez le voisin ! 

Pour l’agriculture dite de précision, existent les capteurs N Sensor. C’est un équipement monté sur le tracteur pour mesurer l’état de nutrition azotée d’une culture afin d’adapter en temps réel la dose azotée épandue.  

Il est important de bien doser : en cas de surdosage en engrais liquide et ou de conditions météorologiques inadaptées, vous aurez des risques de brûlure sur les feuilles ou de verse sur les céréales. 

3. Conseils et observations terrain 

Les dosages sont affinés soit par le technicien de votre chambre d’agriculture, de votre coopérative, de votre ETA (Entreprise de Travaux Agricoles) ou de votre commerçant.   

Certains d’entre vous, font également des tests sur une même culture. Il existe des pinces à azote utilisée sur les feuilles des cultures, elles permettent de calculer l des calculer les besoins en fertilisation azotée N de la culture et ainsi d’ajuster le dernier apport en fonction des résultats. 

Beaucoup font très attention également à l’état du sol au moment souhaité de fertilisation, notamment en cas de sécheresse, le dernier apport ne se fait généralement pas car il serait de toute façon inefficace. 

Enfin, le dosage va aussi dépendre de ce qui a été apporté précédemment au sol, ainsi les engrais de types engrais, organique, tel le fumier, le lisier, le digestat et de leur concentration.  

Retrouvez des précisions complémentaires sur l’engrais liquide et son stockage dans nos articles .

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Vous le savez, c’est tout un ensemble de critères et de facteurs qu’il faut prendre en compte pour calculer le bon dosage lors de votre pulvérisation, mais aussi le bon moment tant sur l’avancement des cultures, le sol ou les conditions climatiques.

 

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